Produits locaux - Une terre et des hommes
April 22, 2019
QU’EST-CE QU’UN TERROIR ?
Si le terme terroir s’emploie généralement pour désigner un espace géographique concret et tangible, dans lequel des hommes au cours de leur histoire développent un savoir-faire collectif, ce terme peut également avoir une dimension culturelle. Ce terme a un lien intime avec la terre. Le terroir devient identitaire. Il est synonyme de produits agricoles typiques d’où l’expression «produits du terroir.»
EN DANGER
Certains produits du terroir sont en danger. L’industrie du sel a presque été abandonnée, les salines de Tamarin ayant grandement réduit leur opération. La production de thé a été négligée au profit d’autres cultures. D’autres produits tels que le carambole, le bilimbi, la bibasse sont presque introuvables. «On ne fait pas assez pour promouvoir la production locale. Nous importons trop de choses alors qu’il n’y a rien de mieux pour notre santé que ce qui est produit chez nous, sans compter la différence au niveau des saveurs. Nous adoptons trop facilement le mode de vie des Européens et nous sommes devenus des adeptes du fast-food», explique le chef Mougam Pareatumbee. «Il y a des produits qui se perdent parce qu’on ne les connaît plus. Ou bien pour des raisons économiques, on ne s’intéresse plus à eux », poursuit Patrick Vitry.
SON IMPORTANCE
Pour Patrick Vitry, président de l’Académie internationale des chefs de l’océan Indien, le terroir a toute son importance et sa raison d’être. «Il est devenu un enjeu économique et une force en cuisine. L’engouement pour les produits locaux, «du terroir», prend de l’ampleur. La grande distribution en Europe l’a bien compris et fait revivre les terroirs. On devrait en faire autant à Maurice», explique-t-il.
CE QUI LE COMPOSE
Si Rodrigues est connu pour ses limons et piments, la Réunion pour le boucané, Maurice n’est pas en reste. Le palmiste, le cerf, le rhum, le poisson corn, les gâteaux piments sont des emblèmes forts de notre patrimoine culinaire comme le souligne Patrick Vitry. Pour le chef Mougam Pareatumbee, «le jaque, l’arouille, les chevrettes et également les brèdes chouchou et giraumon font la fierté de Maurice.» Les deux chefs attirent également l’attention sur notre patrimoine, tel que la roche cari qui «évoque la nostalgie de notre culture gastronomique.»
COMMENT LE PRÉSERVER ?
Travailler davantage avec les produits locaux et créer des évènements culinaires autour de ces derniers. C'est ce à quoi s’engage l’Académie des chefs. «On a commencé des campagnes de sensibilisation en 2018 et cela va s’accentuer cette année. Il est important de mettre en avant les petits producteurs et de valoriser le talent et le savoir-faire des artisans», déclare Patrick Vitry. Des compétitions culinaires pour faire (re)découvrir nos produits sont d’excellentes initiatives selon les chefs. «Lors d’une compétition, quelqu’un a réalisé une pasta avec un chatini pipengaille et un chatini de chevrettes. Voilà des choses qu’on doit encourager et qui permettent de perpétuer nos traditions», précise le chef Mougam Pareatumbee.
Source : Photo by Lisa Fotios from Pexels