Manioc - retour vers nos racines

Corina Julie August 17, 2020
Foodies - manioc

Le manioc a l’art de se coller à nos souvenirs gustatifs : les fameux biscuits manioc, les galettes, le pudding, les perles de tapioca... Mais celui qui remporte tous les suffrages, c’est bien le manioc bwi encore chaud, accompagné d’une noisette de beurre. Certains diront que c’est encore mieux avec un satini pom damour. Le manioc a d’autres cordes à son arc et nous surprend lorsqu’il se décline en kat kat, soupe, curry masala, gratin, frites, cupcake, céréales, farine... Avec ces mille possibilités, on ne va pas bouder notre plaisir !

Sa p’tite histoire mauricienne

Dans le livre « Les plantes et leur histoire à l’île Maurice » de Guy Rouillard et Joseph Guého, on apprend que c’est Mahé de La Bourdonnais qui, en 1741, rapporte du Brésil du bois de manioc qu’il distribue aux habitants. Mais certains en auraient mangé sans l’avoir fait cuire et seraient morts empoisonnés. Convaincre la population que le manioc en lui-même n’était pas le problème mais qu’il fallait le faire cuire, n’a pas été aisé. Dans ses mémoires, La Bourdonnais raconte même qu’il a fallu des ordonnances pour obliger les habitants à planter du manioc : « il y en avait même quelques-uns qui en détruisaient les plantations en les arrosant clandestinement avec de l’eau bouillante ».

Un pas vers la sécurité alimentaire

Depuis, le tubercule a fait l’objet de nombreuses recherches agronomiques. Pour la FAO et pour plusieurs pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale, il est gage de sécurité alimentaire. Voilà pourquoi on veut le rendre plus résistant en améliorant les variétés. Importante source de calories, le manioc pourrait même être une solution à l’insuffisance alimentaire.

Une multitude de variétés locales

Bitter, Negrita, Berreum, Singapour, Nestor, Icery... Il existe une vingtaine de variétés dites locales à Maurice. Ceci dit, elles sont difficiles à différencier. Pour les curieux, une collection de toutes ces variétés existe au National Plant Genetic Ressources du ministère de l’Agro-Industrie. 

En 2008, la FAREI a fait venir une quarantaine de variétés de l’International Institute of Tropical Agriculture (IITA) du Nigeria dont la mission est d’améliorer la production et la productivité des produits de base en Afrique. Après 8 ans d’expérimentation, 2 variétés ont été retenues pour leur rendement et leur résistance à la sècheresse : le Blanchiita et l’Orniita. Peu visibles sur le marché, ces 2 variétés sont pourtant prêtes à prendre le relais en cas de disette.

Bon pour la santé 

Le manioc est un aliment énergétique de la famille des glucides. Excellent pour la croissance des enfants, il est plus riche en calories que la pomme de terre. C’est aussi une bonne source de vitamine C, potassium, fer, magnésium, vitamines B6, B9, B5, cuivre, calcium et phosphore. Sans gluten, le manioc aide au bon développement du système nerveux et des muscles. 

Attention ! Le manioc cru contient de l’acide cyanhydrique, une substance toxique. Mais qu’on se rassure, sa toxicité disparaît à la cuisson ou à la déshydratation.

 

 

Collaboration 

L’agronome Sandeeren Sunassee de La FAREI et la nutritionniste Diane Desmarais.