Le chemin vers l'autonomie a beaucoup de sens

Corina Julie May 04, 2023
Foodies 11 - Gael Soupe

Le potager de Gaël Soupe, c’est un peu plus qu’un potager. A Deux Bras, il développe depuis huit ans, tout un concept en permaculture. Autour de sa maison, sur 1,2 arpents il a créé une forêt où se côtoient plantes endémiques, arbres fruitiers, légumes, herbes médicinales et fleurs. Bananes, tamarins, avocats, cocos, pistaches malgaches, jacques, goyaves, olives, manioc, safran vert, fruit à pain… faites votre choix ! Plus loin, les ruches bourdonnent…. Il faut bien des milliers d’abeilles pour polliniser tout cet univers.

Ici, pas de parcelle ou de lignes droites. Les choses se font naturellement mais chaque chose a sa fonction pour créer un écosystème équilibré et plein de vie. « J’adore la campagne authentique, j'aime être en contact avec le vrai et je pense que le chemin vers l'autonomie a beaucoup de sens, explique Gaël Soupe. Il y a aussi une prise de conscience… On perd beaucoup d’arbres et d’espèces locales. C’était donc un retour à la terre indispensable. »

Cinq mois et demi sans pluie

En huit ans pourtant, il note des mutations liées au climat. « Le changement affecte tout. Les floraisons, le pattern de la pluie, les pontes de la basse-cour aussi. » Ce qui inquiète notre paysagiste-agriculteur c’est que « très peu de personnes s’en soucient » car « ce qui se passe est dû aux activités humaines. Il faut changer de direction à titre individuel et collectif. Il faut entrer dans l’ère de la collaboration. »

Changer de comportement, c’est aussi penser à une ressource indispensable :  l’eau. « De 2017 à 2020 nous n’avions qu’octobre comme mois sec, soit un mois, explique Gaël. Ensuite en 2021 nous avons eu 3 mois secs : septembre, octobre et novembre. En 2022/2023, il n’a pas plu d’août à janvier. Ça fait 5 mois et demi. C’est très préoccupant. »

Récupérer et gérer intelligemment

Dans ce « Primitive Lounge » toutes les gouttes sont comptées. L’eau de pluie est récupérée du toit de la maison, stockée dans de gros réservoirs, puis répartie dans de plus petits tanks autour de la propriété. Neuf en tout, pour une capacité d’environ 23 000 litres. « Et je vais bientôt faire un bassin », précise Gaël. Et ça dure combien de temps 23 000 litres ? « Avant cette grosse sécheresse, j’étais autosuffisant ! »

Si ça parait bien peu pour irriguer toute une forêt, c’est parce qu’ici, on utilise la technique du paillage « C’est très important car ça préserve l'humidité du sol. C’est un grand allié pour nous en permaculture. En principe, je n'arrose pas, sauf au premier jour de la plantation et si c’est vraiment nécessaire quand le sol est trop sec. »

Se lancer, à la maison

Avec huit années d’expérience en permaculture, Gaël Soupe a quelques conseils pour ceux qui rêvent d’un potager à domicile. D’abord : commencer petit. « Ensuite, choisissez des plantes faciles à faire pousser comme le radis, la roquette, la patate douce, le manioc et les aromates. »
Ceux qui ont un peu plus d’espace pourront rajouter quelques arbres fruitiers comme des bananiers, papayers ou le fruit de cythère nain. N’oubliez pas les fleurs ! L'œillet d'inde et la capucine, par exemple. « On peaufine avec une liane de grenadine et quelques tisanes comme la citronnelle, l’ayapana et tulsi et vous avez un bon départ. »

Pour finir, bien sûr, un bon paillage. Et pour arroser, il suffit de capter l’eau de pluie d’une façon ou d’une autre : un drom, des réservoirs, des seaux… 

Le paillage 
Le paillage consiste à ne pas laisser la terre nue en posant sur le sol, autour des plantes, des matières organiques comme de la paille, des feuilles mortes, de l’herbe coupés, ou de petits morceaux de bois. Il permet de garder la terre humide tout en l’enrichissant.