Le recyclage fait partie des plaisirs du jardinage!

Corina Julie September 16, 2020
Foodies - recyclage

Ceux qui le connaissent le savent. Roland Tsang Kwai Kwee est intarissable quand il s’agit de parler jardinage. Militant de l’autosuffisance alimentaire qui aime aussi partager ses connaissances, il nous parle aujourd’hui du jardin sur toit.

Vous faites pousser des légumes sur votre toit depuis plus de 30 ans. Qu’est-ce qui vous a motivé ?

Au sens propre comme au sens figuré, à la manière de Voltaire, je cultive mon jardin. Vous avez vu, mon arrière-cour est déjà prise par du manioc, du pachira (pistache malgache), des bananes, des grenadines ou des brèdes gondol que je cultive en permaculture. Pour moi, tout coin et recoin peut se transformer en espace vert. Le toit d’une maison est en général inutilisé, c’est dommage. Moi, je ne laisse rien se perdre, donc j’ai fait de mon toit un lieu de vie. C’est très agréable et convivial d’être en hauteur et d’être entouré d’aubergines, de piments, de laitues…

Il faut quand même des aménagements pour cultiver sur son toit ? 

Il vous faut vous assurer que votre toit est solide et il faut des escaliers pour vous s’y rendre. J’ai fait construire un parapet tout autour pour plus de sécurité, à l’époque les enfants y passaient tout leur temps. Vous pouvez aussi prévoir un petit coin ombragé, pour s’asseoir. Certains recouvrent leur toit d’une bâche puis font de petites installations de briques qu’ils remplissent de terre. Moi, je plante dans des bacs. C’est plus sûr pour ma dalle !

Vos bacs sont, le moins qu’on puisse dire, originaux… 

J’ai recyclé le baquet dans lequel ma mère lavait nos vêtements quand on était petit, un vieil écran d’ordinateur, des bouteilles en plastique, un vieux rice cooker, une poubelle cassée… Le recyclage fait partie des plaisirs du jardinage. Je suis un grand partisan du moindre coût ! On perce deux trous dans le bouchon d’une bouteille en plastique et on obtient un pulvérisateur... J’aime l’idée de « self-reliance ». Et je milite pour que nous ayons tous un petit potager chez nous. Pendant le confinement, les poireaux et les céleris de mon jardin ont bien aidé ma vieille maman... 

Vos légumes sont directement exposés au soleil, aux intempéries, ce n’est pas gênant ? 

J’arrose mes légumes au petit matin avant le plein soleil et l’après-midi. Si à midi je vois un pied de bringelle qui jette le corps, je l’arrose encore un peu. Juste ce qu’il faut, avec des bols d’eau. Pas d’arrosoir, pas de tuyau d’arrosage. Ça me prend plus de temps mais ça marche. 

Au fur et à mesure, vous apprenez à connaître vos plantes et leurs besoins... Si une grosse pluie s’annonce, j’essaie de ranger les bacs de germinations à l’intérieur. Parfois on n’y peut rien, on perd tout et il faut recommencer. Ça fait partie du jeu. 

Et comment faites-vous avec les ravageurs ? 

Déjà, il y a moins de problèmes quand vous plantez dans des bacs qu’en pleine terre. Ensuite, j’utilise le compost maison, cela rend la terre plus riche et vos plants sont plus résistants. Mais c’est vrai qu’il y a des kourpa. Comme j’utilise mon propre compost issu de la décomposition de feuilles d’arbres, parfois il y a des oeufs d’escargots qui s’y glissent. Mais j’ai une torche et à 10 heures du soir, je les traque et je m’en débarrasse. Pour éliminer les pucerons qui sucent la sève et fragilisent les plantes, je spray un mélange de liquide vaisselle, poudre de piment (qu’on trouve dans les nouilles instantanées) et vinaigre. Sinon, il faut être vigilant. Dès qu’un problème apparaît, il faut le régler tout de suite. Pour protéger certaines plantes des oiseaux, je pose aussi des grillages par-dessus. Aussi, dans un même bac, j’associe deux ou trois types de plantes. En pratiquant la biodiversité, on crée des équilibres et on varie les plaisirs. Autre chose : ne pas replanter le même légume au même endroit : la rotation de cultures permet de limiter les parasites et maladies. 

Vous êtes un peu perçu comme un gourou du potager sur les réseaux sociaux ? 

C’est une vraie communauté, les passionnés du jardin. On aime échanger, partager des astuces, montrer nos joyaux. On apprend toujours des autres. Déjà, à l’époque je prenais le bus et j’allais discuter avec les planteurs de Bonne Terre. Aujourd’hui, on a les réseaux sociaux. Je fais partie de deux communautés : « Permaculture des amateurs » et « Amateurs in the garden ». On partage nos expériences, les semences et les plantules. On se rend visite. Le jardinage favorise les relations humaines. 

Un petit secret à partager ? 

Pour enrichir le sol, il m’arrive d’utiliser de l’urine mélangée à de l’eau que je verse aux pieds des grandes plantes. L’urine contient de l’azote, du potassium, du phosphore... c’est un bon fertilisant. J’en ai parlé à mes amis, certains ont essayé et ça a marché pour eux aussi.